Cheap Land
Mes images s’inscrivent dans le sillage de l’école de Düsseldorf : frontalité, lisibilité. Simplement se placer en face du monde, à la bonne distance. Distance physique, mais aussi distance par rapport à l’émotion. Distance également par rapport à l’idée, mes images ne documentent pas un lieu précis, elles ne sont volontairement pas situées.
Ni pamphlet écologiste ni glorification du règne des machines, mais peut être les deux à la fois. Je désire réaliser des icônes profanes, où le sacré brillerait par son absence. Etre simplement face au monde, est-ce déjà une expérience mystique ? Je souhaite que le visiteur, confronté au grand format, ressente le même vertige que moi, constatant la proximité du banal et du sublime.
Richard Petit
Le regard de Richard Petit révèle les signes de l’activité humaine dans le paysage. Pratiquant la monumentalité, il tente de confronter l’essence du Sacré et les résidus de la technique, qui marquent la Nature de leur empreinte.
... la recherche du paysage qu’il choisit de photographier passe avant tout par une pérégrination, dans des conditions qui prennent en compte l’attente, le froid, la lourdeur du matériel. Ensemble de procédés semblables à ceux que la montagne exige des montagnards qui l’escaladent, regard attentif et lent, aucune précipitation, résistance et obstination. Ces photographies à la chambre nécessitent une vraie concentration. Richard Petit voulait être peintre et dans son acte photographique, il observe la même méfiance face à la fulgurance.
Que contemplons nous ? Car il s’agit bien de contemplation. Des constructions, observatoires ou murets, des remontées mécaniques, des routes, un refuge peut-être. Un filet rouge qui balafre le blanc de la neige. Chacune des photographies est sans titre et notre curiosité sur le lieu et la date est volontairement dédaignée par l’artiste. Raconter des histoires, nous situer, n’est pas le propos. La seule certitude est l’omniprésence de la montagne, de la neige et de l’homme, sans qu’il ne soit jamais présent dans l’image...
Martine Sadion / Musée de l'Image
Autant la transparence attribuée à la photographie durant toute l’époque moderne (celle des enthousiasmes des débuts) affirmait la capacité de ce média à montrer la réalité du monde, autant le désenchantement post-moderne à l’égard de la vérité est venu instiller le doute quant à l’intérêt documentaire des images, pourtant toujours plus nettes, toujours plus fidèles au visible. Ce que ces photographies d’aujourd’hui montrent, c’est peut-être, en fin de compte, l’opacité énigmatique des formes, l’étrange absence des choses et des êtres à leur propre visible, dès lors qu’ils sont déshabillés du logos. Face à ce visible incertain (ou plutôt, à l’intérieur même de ce visible), s’est posé un photographe qui n’est plus appelé à témoigner d’une réalité introuvable, mais de sa propre présence au monde.
Christian Maccotta / Les Boutographies
… Je ne sais pas ce que représente le blanc, probablement, comme la page blanche, un vertige devant le néant. Une absence de couleur, l'étendue des possibles… comme un éblouissement mystique, un vertige métaphysique…
…c’est en même temps l'esthétique d'une catastrophe, écologique, climatique. Il est clair que je porte sur la nature un regard inquiet : cette nature dont nous sommes issus est en même temps tellement hostile. Je ne donne pas cher de mes chances de survie, sans vêtements ni armes dans un tel environnement… j'aime bien aussi l'esthétique des films de science fiction "post catastrophe" et je dois probablement m'en inspirer inconsciemment.