“Border Line” tente d’évoquer les drames liés aux migrations sur le mode d’un opéra contemporain. Toutes ces images sont réalisées à la chambre, elles auraient pu être faites par un photographe du dix-neuvième siècle (ces fantômes ne sortent pas de Photoshop) alors que les tirages de grand format et leur forme tableau citent la peinture romantique.
Dans “Cheap Land”, j’explore, fasciné, la proximité du banal et du sublime dans ces paysages enneigés et modifiés par l’activité humaine. Ces paysages quasi verticaux sont en même temps l’occasion d’une réflexion sur la perspective, qui apparait dans l'histoire de la peinture puis est la base de la photographie.
Stylisé, le paysage de “l’île des Dieux” prend des accents métaphysiques, pour évoquer l’Antiquité et le début du monde.
C’est la proximité du sacré et du profane qui est le ressort de "Lungta". J’essaie de poser sur cette lointaine civilisation un regard qui emprunte à Alexandra David-Néel et la photographie vintage autant qu’à la “ligne claire” du “Tintin au Tibet” d’Hergé.
Note d'intention
J'aime parler du désir d'ailleurs en questionnant la notion de sublime.
La prise de conscience de l’urgence climatique autant que la récente pandémie m’ont amené à reconsidérer ce désir d’ailleurs : désir autant que terreur d'un impossible voyage vers les confins du monde. “Tous les chemins sont circulaires et le parcours entrepris ne conduit jamais qu'à soi-même.” écrit Ibn Arabi. Il me semble que la notion d’espace est au centre de mon travail, au travers du voyage, des migrations, du paysage ou de l’évocation de la conquête spatiale.
Ce sont également la recherche spirituelle et le questionnement par rapport à la science qui influencent mon travail. Je fus mécanicien avant d’étudier la philosophie. Cette double formation m’amènera à m’interroger sur le paradigme du progrès technologique ; autant que sur la transcendance et le sacré à travers la lecture assidue de science-fiction et la pratique du bouddhisme tibétain.
Je photographie principalement à la chambre, dans une approche frontale empruntant à l’école de Düsseldorf autant qu’à la peinture romantique. Je souhaite que le spectateur, confronté au grand format, ressente le même vertige que moi.
J’explore, fasciné, la proximité du banal et du sublime. Kant dit que le sublime est “un plaisir mêlé d’effroi”. Ce sentiment quasi mystique me quitte rarement, je pense que la contemplation d’une œuvre plastique, tout comme la prise de vue, sont des activités proches de la méditation.